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  • Photo du rédacteurAdèle Aribaud

Hommages à Monet

"Le motif est quelque chose de secondaire, ce que je veux reproduire, c’est ce qu’il y a entre le motif et moi", disait Monet. Autrement dit, créer un bijou inspiré d’une œuvre impressionniste consiste à imiter un ressenti éphémère via un art qui se transcende justement dans la précision et l’intemporel. Une entreprise compliquée et ambitieuse donc, et pourtant, les toiles et l’univers de Claude Monet semblent avoir trouvé dans les ateliers de joaillerie un sanctuaire où se réincarner, juste moins d’un siècle après la disparition du peintre.


Bucellati est la Maison qui s’est le plus penchée sur l’impressionnisme puisqu’elle lui a carrément consacré une (mini)collection. En mars 2015, elle a présenté un ensemble de cinq pièces joaillières exceptionnelles inspirées de cinq œuvres impressionnistes et postimpressionistes. Ainsi dans un coup d'éclat assez magistral, la boutique de New-York a eu l'honneur d'accueillir sur ses murs lesdites cinq œuvres pour accompagner l'intronisation de ses nouveaux bijoux. Un Monet, un Bonnard, mais aussi Winslow, Larionov et Redon se sont rejoints sur Madison Avenue...


C’est le tableau « Tempête sur la côte de Belle-Île », peint en 1886 par Claude Monet, qui a donc inspiré à Lucrezia Buccellati cette paire de boucles d’oreilles en or blanc. Cette année-là en effet, Monet est à la recherche de nouveaux motifs et paysages inspirants. Il s’installe provisoirement dans le Morbihan, et y réalise une quarantaine de toiles, dont celle de la Tempête. Les boucles figurent donc l’écume enroulée des vagues grise et bleutée au moyen de la technique « tulle », un repercé très détailliste dans l’or blanc. Les touches de tourmalines paraìbas et les diamants reprennent les couleurs du tableau. Bucellati transpose avec maîtrise la lumière des côtes bretonnes sur un design de Renaissance italienne, la signature esthétique de la Maison.


« D’ailleurs, que voulez-vous ? Qu’y a-t-il à dire de moi ? Que peut-il y avoir à dire, je vous le demande, d’un homme que rien au monde n’intéresse que sa peinture – et aussi son jardin et ses fleurs ? » Claude Monet, 1895.

Autre paysage, autre bijou. « Monet » rimant pour beaucoup avec « Giverny » et ses jardins depuis que le peintre y a posé ses valises avec sa famille en 1883, ce sont sans surprise son charmant pont japonais, ses jardins d’eaux vaporeux et ses bosquets fleuris qui ont été le plus repris. La créatrice chinoise Feng J s’en est inspiré pour son collier « Les jardins de Giverny, a tribute to Claude Monet ». Néanmoins Feng J n’a pas chercher à imiter ce qu’elle a vu, mais à le réinventer. Marquée durablement par sa visite à Giverny, elle choisit d’imaginer son propre jardin. Ainsi des harmonies roses et bleus très doux -moins vives que les fleurs de Monet- fleurissent autour d’un (très) imposant diamant rose clair de 19 carats (VVS2, type IIa).


Pour positionner les 83 carats de tanzanites, saphirs blancs, roses, spinelles roses, aigues-marines et grenat tsavorites sur son collier, Feng. J utilise le « floating set ». Cette technique de sertissage de haute précision permet de maintenir les pierres comme en flottaison, en toute discrétion. Elle nécessite des centaines d’heures de travail, d’autant plus qu’ici, elle est mise en difficulté par la transformabilité du bijou : une section de la guirlande peut être portée en bracelet seul, et le diamant rose se détache en bague.



La plus impressionnante création liée à Monet enfin, est la pièce maîtresse des collections de la taïwanaise Anna Hu, le « heart and soul » de sa Maison. Le collier nommé « Water Lilies » (nénuphars) a nécessité plus de deux ans de travail. Ses 1590 pierres réaniment les corolles des nymphéas du bassin, les pétales de lys et d’iris du clos normand et les agapanthes du jardin d’eau, toutes cultivées par Monet. Ainsi 630 carats de tanzanites, saphirs, tourmalines et alexandrites reproduisent les différents parterres et bordures dans des zones colorées éclatantes. La diversité des tailles, des formes et des reliefs sont son gage de naturalisme.



En horlogerie, la peinture de Monet a fait une furtive apparition sur le cadran d’une montre de l’édition limitée « Écritures » de Chaumet. Le modèle est ainsi conçu : une plaque en verre gravé a été peinte en rose sur le dessous et en vert sur le dessus. Immédiatement, l’ombre des tâches vertes se couche sur le motif rose, l’impression de volume et de profondeur est créée. La montre est une référence directe au tableau « Le Jardin de l’artiste à Giverny », qui présente des rangées d’iris roses et violets sous les frondaisons. Il est conservé au Musée d’Orsay.

Pour aller plus loin :



 

Carletti, C. pour High jewellery dream. (nov 2020). Feng J pour Phillips Auction. Consulté à l'adresse : https://highjewellerydream.com/fr/feng-j-for-phillips-auction/#jp-carousel-12141


Juncker, C. pour Property of a Lady. (dec 2016). Buccellati : l'étoffe des bijoux. Consulté à l'adresse : https://propertyofalady.fr/2016/12/31/buccellati-letoffe-des-bijoux/2/


Schields, J. pour Galerie Magazine. (sept 2018). Anna Hu’s Lyrical Haute Couture Jewelry hits all the Right Notes. Consulté à l'adresse : https://www.galeriemagazine.com/anna-hu-couture-jewelry/

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