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  • Photo du rédacteurAdèle Aribaud

Lapis-lazuli & malachite : atouts et usages en joaillerie

•Le lapis-lazuli (du latin « lapis », « pierre » et de l’arabe « azul », « bleu ») est un minéral à la composition variable, qui doit sa couleur vive et bleutée à sa teneur en lazurite. C'est sa teinte la plus vive qui est la plus recherchée, a fortiori quand elle comporte des inclusions dorées, dûes à la présence de pyrite. •La malachite (du grec « malakos », « mou ») est une pierre ornementale verte opaque, veinée par des agrégats de stries concentriques, clairs ou foncés. Ses bandes rectilignes font d'elle une candidate idéale pour les arts décoratifs, utilisée en aplats ou en cabochon.

 

Étudiées selon leurs constantes physiques, le lapis-lazuli et la malachite sont très différentes. Leurs couleurs, duretés, densités, transparences et réfringences les oppose. On remarque pourtant que de façon assez paradoxale en joaillerie, elles forment un duo incontournable. Déjà employées par les égyptiens pour leur immense potentiel décoratif, elles ont depuis été choisies pour orner quelques- uns des objets les plus raffinés du monde. Moins recherchées que les pierres précieuses, elles sont pourtant plus séduisantes que bon nombre d'autres pierres semi-précieuses, comme elles. Veinées, marbrées, elles sont également riches en imperfections et irrégularités, qui ont été exploitées comme de véritables points forts.


Pierres fines, le lapis-lazuli et la malachite sont souvent restées aux portes de la haute-joaillerie. Dans le marché de la joaillerie et de l'horlogerie en revanche, elles comptent parmi les pierres les plus plébiscitées. D'un point de vue commercial, la raison en est évidente : leurs irrégularités physiques jouent un rôle d’atout stratégique pour les clientes, en quête d'unicité. Même sans oeil avisé, il est possible de constater qu'aucun bijou n'est semblable à un autre.


Les Maisons de joaillerie s'en sont emparées pour les inclure dans leurs collections à coloris déclinables ; un même motif décliné en plusieurs types de bijoux et à choisir selon un petit panel de couleurs, généralement bleu, vert, rouge, blanc, au choix. Citons quelques collections de ce type : Alhambra de la Maison Van Cleef & Arpels, Serpent bohème de Boucheron, Jeux de Liens par Chaumet, Divas’ Dream de Bulgari, Rose des Vents chez Dior, Amulette chez Cartier, et Possession chez Piaget. Les teintes bleues et vertes y sont systématiquement assurées par des aplats de lapis-lazuli et de malachite. Ce n'est pas le cas des teintes rouge et blanche, dont les matériaux varient. Elles, sont respectivement assurées par de la cornaline, de la laque rouge, de la céramique ou de la nacre et de l’émail. On remarque que ces bijoux ont des styles épurés. Ils se composent d'une structure ou chaîne simple et discrète, d'un métal lisse, aux motifs sobres et parfois dépouillés. On explique cette sobriété par le fait que les couleurs en général, vives a fortiori, brouillent la lisibilité des motifs. Nul besoin donc, de complexifier les montures et les dessins. Riches de leurs nuances, aspérités et jaspures, le lapis-lazuli et la malachite concentrent à elles-seules les fonctions de couleur, d’ornements et de motifs à la fois (les échantillons monochromes des deux pierres sont rares). Il revient au lapidaire le soin d’en tirer le meilleur parti.


Les pierres fines plaisent principalement et avant tout pour leur couleur.Rappelons que le bleu est la couleur préférée de plus de 45% de la population depuis pas moins de deux cents ans, tous genres et milieux sociaux confondus. Le vert en revanche, remporte un plébiscite plus ou moins accidenté au fil des époques (entre 15% et 20%). Les propriétés chromatiques et les pouvoirs qu'on leur prête ne suffisent pas à justifier leur popularité. D'un point de vue sémiologique, on prête au lapis-lazuli et la malachite des pouvoirs d'évocation surtout liés à leur couleur : la réussite et la sérénité pour le bleu, la vitalité et la nature pour le vert. D'un point de vue inter culturel, le potentiel accordé à la malachite et au lapis-lazuli diffère. En Asie par exemple, le critère de la couleur ne prévaut pas forcément sur les autres, mais le fait d'être sec, lumineux, rugueux, dur, ou mat par exemple, est également déterminant dans les processus de perception et d'appréciation. Riches de leurs irrégularités, voilà donc la malachite et le lapis-lazuli susceptibles de séduire universellement.


Les deux pierres constituent donc une « paire complémentaire » assez inédite. Leurs atouts sont tels qu'elles ont des usages similaires, jusqu'à être travaillées en binôme : des pièces joaillères qui intègrent du lapis-lazuli ont souvent une jumelle en malachite, et inversement.


 

Bosc, A., Coudert, T., Dalon, L., Petit, V., Rainero, P., Rousset-Perrier, M., & Salomé, L. (2013). Cartier  : Le style et l’histoire. Paris, France, Édition de la Réunion des musées nationaux.


Dossier de l’Art, n° 154 (Juillet-août 2008) « Les grandes collections de bijoux des musées européens » Dijon, France, Éditions Faton.


Kugel, A. (2012). « Le luxe, le goût, la science... » : Neuber orfèvre minéralogiste à la cour de Saxe. Saint-Rémy-en-l’Eau, France, Édition Monelle Hayot.


Lacloche, joaillers, 1892-1967, Exposition, Ecole des Arts Joaillers à Paris, du 23 octobre au 20 décembre 2019.


L’objet d’art. hors-série n°79 (juin 2014). « Fabuleux Fabergé, joaillier des tsars » Canada, Édition Faton.


Malaguzzi, S. (2008). Bijoux, pierres et objets précieux. Paris, France, Édition Hazan.


Pastoureau, M. (2013). Des goûts et des couleurs : le bleu. Emission de Laure Adler disponible sur Franceculture.fr.


Pastoureau, M. (2013). Des goûts et des couleurs : le vert. Emission de Laure Adler disponible sur Franceculture.fr.


Phillips, C. (2008). Jewels and Jewellery. London, England, Édition Victoria & Albert Museum.


Poirot, J. P., & Briand, P. (1985). Larousse des Pierres Precieuses Fines, Ornamentales, Organiques. Paris, France, Édition Larousse.


Possémé, E. (2012). Van Cleef & Arpels - L’art de la haute-joaillerie. Paris, France, Édition Musée des Arts Décoratifs.


Trésors de la Terre, Exposition, Galerie de minéralogie et de géologie du Muséum national d'Histoire naturelle à Paris.

Bosc, A., Coudert, T., Dalon, L., Petit, V., Rainero, P., Rousset-Perrier, M., & Salomé, L. (2013). Cartier  : Le style et l’histoire. Paris, France, Édition de la Réunion des musées nationaux.


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Lacloche, joaillers, 1892-1967, Exposition, Ecole des Arts Joaillers à Paris, du 23 octobre au 20 décembre 2019.


L’objet d’art. hors-série n°79 (juin 2014). « Fabuleux Fabergé, joaillier des tsars » Canada, Édition Faton.


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Possémé, E. (2012). Van Cleef & Arpels - L’art de la haute-joaillerie. Paris, France, Édition Musée des Arts Décoratifs.


Trésors de la Terre, Exposition, Galerie de minéralogie et de géologie du Muséum national d'Histoire naturelle à Paris.

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