Chefs d’œuvres de la collection Albion, Partie I : la période Art Déco
La collection Albion comprend plus de huit cents bijoux de la période Antique à l’Art Déco. Elle représente, préserve et met en valeur le patrimoine joaillier mondial. L’actuel propriétaire de l’Institut Albion est le collectionneur japonais Kazumi Arikawa, haute personnalité du négoce de bijoux historiques qui achète et vend depuis plus de quarante ans. Ainsi sa collection évolue au fil du temps. Kazumi Arikawav possède en outre, la plus grande collection de livres dédiés aux bijoux et à la joaillerie du monde.
Broche/Pendentif Fontaine : la couleur
Joaillerie blanche, mais pas que ! Non, cette merveilleuse fontaine montée sur platine n’est pas monochrome. Des diamants colorés lui donnent du relief et permettent de distinguer, au moins grossièrement, les motifs qui ornent l’objet des flots d’eaux qu’elle vomit. Un camaïeu pastel de diamants aux tailles fantaisie la chapeaute même, en représentant le nuage de petites éclaboussures libres qui couronnent d’ordinaire les jets importants. Et habituellement la liberté n’est pas Art Déco : les années 1920 préfèrent les contrastes francs aux harmonies, la symétrie à l’asymétrie, la géométrie à la forme libre. Savourons alors cet îlet coloré, asymétrique mais néanmoins anguleux, qui se veut liquide. Et qui est bien vite rappelé par les sirènes de son temps en retombant plus tard, en quatre cascades de diamants taille brillant et baguette, la taille la plus emblématique de l’Art Déco. Sur le site de l’Institut Albion, Diana Scarisbrick nous rappelle qu’en 1925, la fontaine avait été choisie comme symbole de l’Exposition des Arts Décoratifs.
Bracelet « Chinoiserie multi-gemmes » : le métal et la forme
Albion nous présente ici la crème de la crème : les quatre précieuses sont montées sur du platine travaillé en millegrain pour sertir des pierres calibrées. C’est à deux fines frises de saphirs que l’on doit l’unité du bijou et la compréhension du motif général. Pagodes, arbres, petits ponts : l’Extrême-Orient est présent partout. Comme sur un bon nombre de bijoux de cette période d’ailleurs, qui s’inspire de destinations exotiques ou des grandes découvertes de la décennie. Les frises soulignent le tour du poignet et surtout, servent de liant pour les dix-sept panneaux qui le composent. Rectangulaires et verticaux, permettant une parfaite adaptation du bijou au poignet, chaque panneau contient une partie du motif. À cette époque, le platine nage dans un succès tonitruant : c’est son emploi qui permet de réaliser des pièces d’une telle finesse, ajourées, légères, articulées.
Broche jardinière : le motif
Chéri universellement par les joailliers depuis la seconde moitié du XVIIIème siècle, le fameux motif du bouquet se réinvente ici en version double. Dans les années 1950, les giardinettos et autres vases fleuris suivent la tendance du « tout or » et abandonnent petit à petit leurs pierres précieuses. Mais vingt ans plus tôt ils sont encore largement illuminés de touches colorées et conçues avec le plus grand raffinement : des cabochons de rubis gonflent les pétales, la gravure des émeraudes rend les feuilles plus vraies que nature. Seulement ici le motif star, c’est probablement la balustrade. Elle aussi est une thématique typique des années 1930, reprise par tous les arts décoratifs de l’époque. Architecturale avec ses piliers ceinturés de bandes noires, elle engage de la verticalité au cœur de ce bijou horizontal et effectivement, notablement long pour une broche. Et c’est là l’enjeu de ce bijou, une autre signature de l’Art Déco, la construction de lignes d’équilibre particulièrement rigoureuses.
De Marco, A. pour Forbes (Fev 2020). « A New Home For One Of The World’s Most Important Jewelry Collections ». Consulté à l’adresse :
Scarisbrick, D. pour Albion Art. Consulté à l'adresse : https://www.albionart.com/period/art-deco/
Wikiwand. "Lexique de la fontainerie". Consulté à l'adresse : https://www.wikiwand.com/fr/Lexique_de_la_fontainerie