Houppes, pompons : passementeries
Les pompons, houppes et glands empruntés à l’ornementation textile comptent désormais parmi les grands classiques du répertoire joaillier. Eléments décoratifs omniprésents, ils sont presque devenus anodins, y compris en joaillerie, victimes de leur trop long succès. Bien mal nous en prend de les sous-estimer. Ils offrent un outil de décryptage merveilleux et mettent en lumière les choix stylistiques et stratégiques des Maisons qui les ont appréhendés. Chez Boucheron dès les années 1920, le pompon devient l’ami des femmes : il accompagne leurs nécessaires, minaudières et bourses en soie brodées de perles et pierres. Les femmes, qui désormais emportent avec elles de quoi se maquiller et fumer ne trouvent à ces nouveaux compagnons de soirées -qu’on appellera plus tard les accessoires- que des avantages ! Généralement placé au bas des pièces, le pompon en est pourtant clairement l’élément décoratif principal. Pour les sacs et les sautoirs que la Maison crée, le pompon doit sa mobilité à des attaches fines et souples. C’est ce système qui lui permet de virevolter tout en légèreté, un rendu particulièrement cher à Boucheron.
Les orfèvres de chez Hemmerle s’attachent au thème « pompon » d’une manière encore plus récurrente. Grands coloristes, ils imaginent pour les jupes de leurs pompons des subtilités chromatiques nées du mariage des pierres fines avec le fil qui les traverse. Ils personnalisent le thème, par l’usage singulier de la couleur de la monture, parmi les moins fréquentes en joaillerie, l’acier, le cuivre ou l’or rouge. Ainsi, métaux de structure, fils colorés et pierres transparentes ou translucides forment un tout aux nuances inédites.
Mais le pompon n’est pas systématiquement perçu comme un ornement solitaire. La plupart du temps dénué de toute compagnie, il est au contraire, chez Cartier, régulièrement accompagné par le plus joailliers des félins. La panthère et depuis plus récemment le tigre, conquérants ou lascifs, le surmontent comme sur un parterre luxuriant. Ici les animaux remplacent le moule du pompon et parfois leur queue s’enroule pour accentuer le mouvement des perles de la jupe.
Ajoutons à ceux-là le pompon le plus couture de la joaillerie, celui qui fait office de tirette de fermeture éclair sur le fameux collier / bracelet Zip de chez Van Cleef & Arpels. Sorti des ateliers en 1951 pour la Duchesse de Windsor, il est une prouesse d’ingénierie ! Zip en effet est transformable, une pièce qu’on porte ouverte en collier ou fermée en bracelet (visible à ce lien). Ce choix détermine le statut du pompon, au poignet simple breloque il devient quand on porte le bijou au cou, un imposant pendentif qui se meut selon les mouvements de sa propriétaire, le véritable point d’orgue du collier. La Maison conçoit des dizaines de modèles différents avec des tirettes en forme de pompons de toutes sortes ; en or torsadé, de perles d’eau douce, de grappes de diamants…
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